La télévision au Canada reste l’un des moyens de divertissement les plus populaires malgré les changements conséquents que subit l’industrie audiovisuelle depuis quelques années  : nouvelles technologies numériques, succès des plateformes de VOD, explosion des contenus, arrivée de nouveaux acteurs sur le marché, nouveaux modes de consommation…

Au Canada, les habitudes de consommation divergent en outre selon la langue, le groupe démographique et le territoire d’appartenance des téléspectateurs.

Pour préserver son petit écran, le Canada a mis en place des dispositifs de soutien à la production et des règles strictes de diffusion. Les chaînes spécialisées, francophones et anglophones, sont nombreuses, et répondent aux intérêts de tous les publics. 

Cependant, même si les contenus francophones se multiplient, l’offre anglophone reste bien supérieure, notamment sur  les nouvelles plateformes  de VOD. Le caractère multiculturel du Canada oblige cependant les acteurs de la production, de la distribution et de la diffusion à s’adapter à la demande afin de rester compétitif. 

 

  1. Les caractéristiques du marché canadien 

Vaste pays divisé en 10 Provinces diversement peuplées, comptant, outre ses langues autochtones (environ 70), 2 langues officielles (Loi du 7 juillet 1969 sur les langues officielles), l’anglais et le français, et comptant plusieurs métropoles parmi les plus multiculturelles au monde, les changements observés concernant la consommation télévisuelle des canadiens ne peuvent l’être qu’à l’aune de la langue, des types de contenus et des groupes démographiques. 

a) Le paysage télévisuel au XXIème siècle au Canada

En 2018, environ 75% des ménages canadiens étaient abonnés à un service de télédistribution, 3,9% de moins qu’en 2015, tandis que le pourcentage de ménages abonnés à un service internet est de 87%, en hausse de 3,9% par rapport à 2016 (Rapport de Surveillance des communications 2019, Conseil de la Radiodiffusion et des Télécommunications). Les canadiens accordent une grande importance à la télévision locale et communautaire, adaptée à la réalité territoriale du pays, qui leur permet de rester informés de manière gratuite et directe. 

  • De la télévision traditionnelle à la personnalisation des contenus 

Les habitudes de consommation ont fortement évolué depuis une dizaine d’années pour s’adapter à la multiplicité des moyens de visionnement et des offres de contenus

La télévision canadienne est divisée en quatre secteurs : la télévision généraliste privée (les télédiffuseurs privés qui transmettent leur programmation aux ménages par câble, satellite ou émetteurs hertziens), la télévision généraliste publique (composée de CBC Radio Canada et des chaînes parlementaires et éducatives), la télévision spécialisée (regroupant des chaînes thématiques accessibles via câble ou satellite, par abonnement et avec publicités) et la télévision payante (regroupant aussi des chaînes payantes via abonnement et thématiques mais sans publicités). 

Les fournisseurs de services de télévision payants offrent en général une qualité de son et d’image supérieures, un nombre de chaînes plus important et des services supplémentaires, que les fournisseurs de service gratuits. Ces derniers proposent un forfait de base généraliste comprenant les chaînes locales et régionales, les chaînes à diffusion obligatoire (décision du CRTC, Conseil de la Radiodiffusion et des Télécommunications Canadiennes), les chaînes parlementaires, communautaires et provinciales et les chaînes éducatives. Les fournisseurs privés proposent des bouquets, personnalisables et modulables. 

La télévision généraliste laisse désormais davantage place à celle de la personnalisation des services : libre choix de support, de moment et de contenu. La télévision généraliste représentait 88% des visionnements en 1991, 55% en 2005 et plus que 36% en 2017 pour 52% de télévision spécialisée. Le reste des visionnements se font par par la télévision sur internet (La télévision en ligne / sur internet, aussi appelée “streaming” ou Télévision IP (Internet Protocol) désigne les contenu télévisé délivré par un appareil connecté (ordinateur, téléphone, console, etc). Elle permet aux utilisateurs de regarder des séries, des films, des nouvelles ou du sport en direct, via internet), via les sites des fournisseurs ou des plateformes ou applications dédiées. 

Les raisons de l’augmentation des abonnements aux télévisions spécialisées et en ligne sont diverses : le coût abordable des offres, la disponibilité des services ou les préférences personnelles. Ainsi, les revenus liés aux abonnements de télévision en ligne ou de services de vidéos à la demande ont considérablement augmenté. Selon l’Observatoire des technologies des médias, en 2019, 72% des canadiens sont abonnés à un service de VOD.  69% des ménages canadiens ont un abonnement à la télévision traditionnelle via le câble, satellite ou la fibre optique et parmi eux plus des trois quarts auraient également au moins un abonnement à service de VOD. 

Même si les abonnements aux services de diffusion par internet ont nettement augmenté ces dernières années, les canadiens privilégient encore largement la télévision de manière traditionnelle : en 2017, 94 % des Canadiens déclaraient la regarder chaque mois contre 61% pour la télévision sur internet, dont seulement 9% uniquement via internet. Il regardaient en moyenne un total de 30,4 heures de télévision par semaine, la télévision traditionnelle représentant 89 % de ces heures et la télévision sur Internet, seulement 11 %

  • Des habitudes de consommation diverses

La population canadienne est très attachée à la télévision, cependant le support et le temps qu’elle y accorde varient selon la langue, l’âge, le milieu social et la culture. 

Pour ce qui est de la télévision traditionnelle, en 2017 les enfants âgés de 2 à 11 ans ont regardé en moyenne 17,8 heures de télévision par semaine (3 heures de moins qu’en 2016), ceux de 18 ans à 34 ans en moyenne 16,5 heures (2 heures de moins qu’en 2016), les canadiens entre 35 et 64 ans en moyenne 26 heure (1h30min de moins qu’en 2016) et les Canadiens de 65 ans et plus sont ceux qui y consacrent le plus de temps, 42,2 heures par semaine (même moyenne depuis 2014) ( Rapport de surveillance des communications 2018, CRTC)

L’auditoire canadien a des habitudes de consommation quelque peu différentes selon sa langue : les francophones préfèrent davantage la télévision traditionnelle que les anglophones (98% contre 93), qui eux regardent davantage la télévision en ligne (62% contre 58%).

Ainsi, la télévision en ligne est moins populaire chez les personnes âgées et les populations francophones : les anglophones délaissent davantage la télévision traditionnelle que les populations francophones. 

Selon le Rapport de surveillance des communication de 2018 du CRTC, en 2017, les Canadiens âgés de 18 à 25 ans, ont en moyenne passé 27 heures sur télévision traditionnelle et 3,4 heures de télévision sur Internet par semaine, pour un total de 30,4 heures de contenu par semaine. Les jeunes générations consacrent en moyenne moitié moins de temps à la télévision traditionnelle et d’argent que leurs aînés : en 2017 8 % des Canadiens âgés de 18 à 34 ans affirmaient ne regarder que la télévision en ligne, par rapport à seulement 12 % des 35 à 49 ans, 5 % des 50 à 65 ans et 1 % des plus de 65 ans.

Ces chiffres s’expliquent d’une part, à cause des nouvelles technologies numériques dont les jeunes générations font davantage usage et d’autre part, s’explique par le caractère multiculturel du Canada, où plus de 200 langues maternelles ou parlées sont recensées, représentant également les tranches de la population les plus jeunes et donc à la recherche d’une offre adaptée via internet. 

Les Canadiens anglophones ne consomment en moyenne que 26% de contenus canadiens, contre 57% pour les canadiens francophones, contrairement à la tendance générale mondiale de consommer davantage de contenus nationaux qu’étrangersSur la télévision en ligne, cette tendance se traduit notamment du fait de la disproportion entre l’offre importante de contenus anglophone et celle plus faible francophone disponibles sur les plateformes numériques au Canada qui explique donc la place forte de la télévision traditionnelle et de ses contenus chez les canadiens francophones. 

b) Les contenus à la télévision canadienne

Les contenus diffusés sur les télévisions canadiennes doivent répondre à de nombreuses règles fixées par le gouvernement afin d’assurer une diversité de contenus et voix. Les institutions spécialisées du secteur sont nombreuses et ont pour mission de soutenir la production de contenus de différents genres afin de répondre à la demande diverse des canadiens. 

  • un pays protecteur de ses contenus 

Toutes les œuvres télévisuelles diffusées au Canada doivent être certifiées par le Bureau de certification des produits audiovisuels canadiens (BCPAC) du Ministère du Patrimoine Canadien ou par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) au moyen de différents critères pour définir leur teneur en contenu canadien.  Cette forme de certification existe depuis les années 1920. 

Le CRTC a mis en place de nombreuses règles quant à la programmation télévisuelle, pour s’assurer que les contenus au Canada répondent aux besoins et aux intérêts du public canadien, tout en répondant aux critères de haute qualité, de diversité culturelle, de dualité linguistique et de représentation ou de soutien aux diverses communautés canadiennes. 

Pour cela, le gouvernement avec le Fonds des Médias du Canada (FMC) et Téléfilm Canada mettent en place divers outils financiers et logistiques pour encourager et développer la création de contenus canadiens notamment dans les langues des différentes communautés ou dans des régions reculées. Le FMC par exemple consacrait 260 millions de dollars en 2018 au soutien de l’industrie télévisuelle (contre 278 en 2017) et propose actuellement 24 programmes d’aide. Le 1er avril 2020, l’institution a annoncé qu’elle investira 353 millions de dollars dans la production télévisuelle et médias numériques canadienne en 2020-2021.

Les entreprises de distribution télévisuelle doivent respecter plusieurs obligations émises par le CRTC. Ces entreprises doivent obligatoirement distribuer aux canadiens plus de contenus et de services nationaux qu’étrangers et respecter les dispositions du CTRC concernant la mise en place et l’offre de service de base ou de forfait facultatif : il a désigné 12 chaînes devant obligatoirement être diffusées dans les forfaits d’entrée de gamme dont le tarif de 25$ mensuel a été fixé par la politique réglementaire fédérale (AMI-audio ; AMI-TV English ; AMI-TV Français ; APTN ; Assemblées législatives du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest ; Canal M ; CBC Newswolrd et RDI ; Distribution des débats de la Chambre des Communes sur la CPAC ; MétéoMédia ; TV5/Unis ; TVA ; OMNI Regional).

Enfin le Conseil classe les chaînes spécialisées en trois catégories selon leur valeur de production canadienne, leur qualité et la nature de leur contenu

Au Canada, la production télévisuelle comprend les téléfilms, les émissions uniques et pilotes, séries télévisées et les miniséries et différents genres comme la fiction, le jeune public, l’art de vivre, les arts de la scène, etc.

La production de contenus destinés à la télévision représente une importante source d’activité économique et d’emploi. En 2017, les radiodiffuseurs ont contribué à la production d’émissions télévisées canadiennes à hauteur de 2941 millions de dollars. La production des contenus canadiens représentait 12 milliards de dollars du produit intérieur brut (PIB) du Canada, en 2017, soit plus de 6% du PIB total.  La même année, la production télévisuelle canadienne a atteint 2,99 milliards de dollars.  La croissance de cette production tient en particulier aux séries et mini-séries. 

En anglais comme en français, le volume de production télévisuelle a augmenté d’environ 16% en 2017 par rapport à l’année précédente. Aussi, il faut noter que la production d’émissions de fiction a atteint 1,56 milliard de dollars en 2017, ce qui représente une augmentation record de 33,8%. 

Cependant, la production d’œuvres d’animation a baissé de 17%. Elle représente 223 millions de dollars en 2017, dont 89% consacrés aux productions de langue anglaise.  

Il est important de remarquer le volume de production télévisuelle est très peu équitable du point de vue des langues : en 2017/2018, 74% des productions étaient anglaises, 26% françaises et moins d’1% bilingues ou dans une autre langue. 

Les services de télévision traditionnelle, privés et publics, ont dépensé 2,9 milliards de dollars dans la production de contenus canadiens en 2017

La production canadienne se concentre dans des aires géographiques précises. Ainsi, 90% de la production totale en 2017 a été réalisée dans trois des plus grandes provinces canadiennes. La Colombie Britannique arrive en première position (40%), devant l’Ontario en deuxième place (32%), et le Québec (20%).

Les entreprises de câblodistribution et de services IPTV et satellites doivent investir au moins 5 % de leurs à la création et à la production de programmation canadienne (règles du CRTC, valides en mars 2019).  

  • les coproductions dans le secteur de la télévision

Le Canada est l’un des principaux pays partenaires de coproduction dans le monde, dans le domaine audiovisuel. Le pays a conclu des traités de coproduction et d’entente avec près de 60 pays dans le monde, et a généré en 2017 un volume de production de plus de 500 millions de dollars. Cette même-année, le Canada a coproduit 38 projets télévisuels en investissant en moyenne un tiers des ressources nécessaires. 

Les principaux partenaires du Canada sont la France et le Royaume-Uni pour les coproductions. 

La France et le Canada ont signé dans ce secteur un traité de coproduction, en vigueur depuis 1983, qui sera dans les prochains mois remplacé par un accord plus global sur l’industrie audiovisuelle. 

En volume, le nombre d’œuvres produites a diminué ces dernières années mais les budgets qui leur sont consacrés ont quant à eux augmenté de plus 25%. En 2016, les coproductions canadiennes représentaient 350 millions de dollars (environ 65 production dans toutes les langues), selon le FMC, acteur de l’écosystème de financement du secteur, visant à favoriser la création de contenu audiovisuel et à encourager la coproduction internationale. 

Le Canada investit dans des projets anglais et français, mais en général le nombre de coproductions anglaises représente le double des françaises. 

Enfin, il faut noter que plus de la moitié des coproductions télévisuelles du Canada en 2016 sont des documentaires et que la part la plus importante en terme financier est consacrée aux contenus dramatiques. 

2. Les opérateurs du secteur

Les acteurs de l’industrie sont nombreux mais un petit groupe d’opérateurs domine le marché canadien. Ces opérateurs doivent s’adapter à la demande canadienne en terme de diversité et de multiculturalité, un défi qui n’est pas encore réalisé.

a) Les acteurs de la distribution et de la diffusion

Les entreprises de distribution de radiodiffusion fournissent aux Canadiens un service de télévision par abonnement : ils distribuent les stations de télévision traditionnelle ainsi que les services facultatifs et sur demande. On parle de trois types d’entreprises : les entreprises de câblodistributions, les fournisseurs de services de télévision sur protocole Internet (IPTV) et les fournisseurs de services satellites de radiodiffusion directe.  

En 2017, leurs revenus s’élevaient à 8,5 milliards de dollars et représentaient près de la moitié du total des revenus de radiodiffusion et ont investi plus de 400 millions de dollars dans la création et la production de programmation canadienne. 

  • Une distribution dominée par de grands groupes

La télédiffusion en direct est le service de télévision sans fil gratuit auquel les canadiens ont accès depuis plus de 50 ans. Aujourd’hui, ils ont d’autres choix : qu’ils préfèrent la télévision par câble, par satellite ou par protocole internet (IPTV), les canadiens peuvent choisir parmi une trentaine d’opérateurs pour accéder aux services télévisuels. (ABC Communications ; AEBC Internet Corporation ; Axion ; Beanfield ; Bell ; CIK Telecom ; Cogeco ; Comwave ; Distributel ; Ditch It Canada ; Eastlink ; Execulink ; FibreStream Inc. ; HeroNet ; ispeed Communication Inc ; KELCOM RevolutionIP ; BellMTS Netflash ; Netfox ; Novus ; Rogers ; SaskTel ; Shaw ; TbayTel ; Telus ; UNMETERED ; ViaNetTV ; Videotron, ; VMedia ; Xinflix Media Inc. ; Zazeen ).

Cinq grand groupes dominent le marché : Bell, Quebecor, Rogers, Shaw et Telus. 

À eux seuls, ils représentent environ 85% des revenus de l’industrie en 2017. En 2013, ils représentaient 81% des revenus totaux et les cinq groupes suivants seulement 8%. 

Ainsi, le groupe Bell réalise les plus gros bénéfices avec 27% des revenus totaux du domaine télévisuel, Shall représentait 23%, Roger 17% et Québécor 12%.

Ils sont tenus par le CRTC de reverser 5% de ces revenus  à la création et à la production de programmation canadienne.

Ces groupes offrent également et surtout des services de télécommunication, dont les revenus ne cessent d’augmenter. En effet, en 2017, les revenus totaux de l’industrie étaient 77,6 milliards de dollars. La seule région de l’Ontario représente 40% des revenus à l’échelle nationale, avec 24,5 milliards de dollars de revenus, loin devant le Québec (12,3 milliards). 

En 2017, le secteur de la télévision (chaînes privées de la télévision traditionnelle, services facultatifs et sur demande, et chaînes traditionnelles de la société Radio Canada) a généré 6,9 milliards de dollars, en baisse de 5% par rapport à 2016. Les services de vidéos diffusés par internet ont eux totalisé 2,4 milliards de dollars (en hausse moyenne de 28% depuis 2013).

  • Des plateformes dédiées de plus en plus populaires 

Considérées commes des services de diffusion en ligne ou en streaming, les plateformes de vidéo à la demande (VOD) sont comme partout de plus en plus nombreuses au Canada, nationales commes Crave ou Tou.tv ou internationales comme Netflix, Hulu, Amazon Prime… Netflix est le premier moyen de visionner des contenus audiovisuels et émissions sur internet, devant les diffuseurs traditionnels aussi bien chez les jeunes (18-24 ans) que les adultes (25-54 ans), Amazon Prime (12%), Crave (9%) et SportsNet (8%) sont aussi très populaires

Environ 72% des canadiens sont abonnés à un de ces services et 75 % des canadiens abonnés à un service traditionnel de télévision sont également abonnés à un service VOD. 

Netflix est présente chez 60% de ménages anglophones et 37% de francophones. Au Québec, la plateforme devance encore les deux plateformes québécoises Club Illico et Ici Tou.tv Extra. Une majorité de francophones consomment des contenus en ligne en anglais. Néanmoins, le géant Netflix pose problème au Canada : en effet la version anglaise est davantage fournie et diversifiée que celle françaises (droits de diffusions au Canada souvent achetés en version anglaise uniquement) ; les communautés francophones ont exprimé leur frustration. Pour maintenir ses publics, la plateforme devra dans le futur adapter ces contenus à la diversité du territoire. 

  • La multiplicité des réseaux de diffusion

Ces distributeurs diffusent 7 principaux réseaux de télévision au Canada : 

  • CBC (Canadian Broadcasting Corporation, qui comprend 14 chaînes) ou SRC (Société Radio-Canada, 13 chaînes); 
  • CTV Television Network (détient la branche CTV Atlantic, qui diffuse dans les provinces de la Nouvelle-Écosse de l’Île-du Prince-Édouard et du Nouveau Brunswick, ainsi que la branche CTV Ontario et comprend au total 22 chaînes).; 
  • Global Television Network (GTN) (Les contenus de Global sont diffusés dans tout le pays à l’exception du Labrador et dans les territoires de Terre-Neuve avec 13 chaînes au total). 
  • CityTv (diffuse en langue anglaise en Ontario, au Québec, en Alberta, au Manitoba, en Colombie-Britannique et au Saskatchewan)
  • Tva ( 6 chaînes)
  • APTN (le Réseau de Télévision autochtone – RTPA comprend 2 chaînes). 

Tous ces réseaux sont privés sauf le groupe CBC-SRC qui est public et APTN qui est à la fois privé et public, réseau multiculturel où les langues de diffusion sont l’anglais, le français et les langues autochtones. Concernant les autres, seuls Tva et SRC sont des réseaux de langue française, le reste étant en langue anglaise. 

La station pancanadienne la plus populaire est CTV. Les réseaux de chaînes anglophones les plus populaires sont CTV, Global et CBC ; les francophones sont TVA, Radio Canada et Noovo.

 

b) La télévision spécialisée : des chaînes qui représentent la diversité de la population canadienne 

Il existe plus de 800 chaînes accessibles sur les réseaux télévisuels canadiens, parmi elles 327 sont étrangères. 120 (dont 20 francophones) sont des chaînes de télévisions généralistes dont 27 publiques et 93 privées. Le nombre de chaînes spécialisées a augmenté de manière considérable entre les années 1990 et l’an 2000, notamment grâce à l’arrivée sur le marché de grands groupes et de l’adaptation aux nouvelles tendances de consommation. 

Parmi ces chaînes spécialisées, on peut faire deux distinctions : les chaînes destinées à une audience en particulier en fonction de la langue de tous les programmes et les chaînes aux programmes spécialisés selon des thèmes précis. 

  • Diversités de cultures et de contenus

Ces chaînes de télévision consacrent leur programmation à une thématique ou à une communauté, un groupe ou une minorité. On trouve ainsi de chaînes thématiques pour la jeunesse, sur les religions, le cinéma, les documentaires, la cuisine, la musique, le sport, ou destinées à un public plus féminin ou adulte. 

 

Les genres les plus populaires chez les canadiens sont :

  • le sport, avec plus de 50 chaînes dédiées dont une vingtaine nationale
  • les films, les séries et les télé-réalités, avec plus de 40 chaînes disponibles, aux contenus fortement américains (même si au dernier classement de mars 2020, on trouvait en première position The Good Doctor série américain, puis The Amazing Race Canada et Survivor version Canada, deux émissions nationales) 
  • les documentaires et les émissions de découverte, avec presque 30 chaînes, c’est la catégorie la plus influencée par les contenus européens

Sont également disponibles des chaînes communautaires ou multiculturelles : il y en a quasiment une centaine au Canada. Cette vaste offre répond à l’objectif énoncé dans la Loi sur la radiodiffusion de maintien de la diversité culturelle afin de refléter tous les groupes, minorités, ethnies et peuples présents au Canada et répond logiquement à la demande nationale multiculturelle (cf 1.a). Le Canada met notamment en oeuvre une politique particulière en matière de radiotélédiffusion autochtone. : l’Aboriginal Peoples Television Network (APTN) est le premier réseau de télévision autochtone au monde. 

De 2015 à 2018, les revenus des chaînes spécialisées de télévision ont augmenté de 11 millions à 3,7 milliards de dollars er proviennent en grande partie des droits d’abonnement mensuels payés par les ménages aux entreprises de distribution de radiodiffusion.  

 

  • Les chaînes en français

Au Canada, le Français et l’Anglais sont reconnues comme langues officielles (Loi 1969) et selon Statistiques Canada, il existe plus de 70 langues autochtones (une loi sur la protection des langues autochtones est en préparation depuis 2018) et plus de 200 langues (parlées ou maternelles) sont recensées. 

Les trois réseaux francophones principaux mettent à disposition de leurs téléspectateurs diverses chaînes, disponibles à travers tout le pays :

  • le réseau TVA propose 7 chaînes : LCN (informations) ;  TVA Sports ; AddikTV ; Yoopa ( jeunesse) ; Moi et Cie Télé ; Casa ; Prise 
  • ICI Radio-Canada Télé offre 4 chaînes : ICI RDI – (informations) ; ICI ARTV – (arts et culture) ; ICI TOU.TV – (télé francophone du Canada et d’ailleurs) et ICI EXPLORA – (uniquement en ligne sur les sciences, la santé et l’environnement)
  • Noovo offre 3 chaînes : V, Max et Elle Fictions.  

 

Il existe d’autres chaînes canadiennes gratuites francophones, disponibles dans tout le pays

  • TV5 Québec Canada ;
  • TV5 Unis (chaîne canadienne destinée aux communautés francophones hors Québec) – 
  • TFO (chaîne francophone publique de l’Ontario) – 
  • AMI-télé (chaîne adaptée pour les personnes malvoyantes ou malentendantes)  

 

De plus, une offre francophone variée de chaînes spécialisées est disponible partout dans le pays selon les distributeurs : Canal D ; Canal Savoir ; Canal Vie; Historia ; Évasion (voyage, tourisme, aventure) ; Frissons TV (une chaîne de films et séries d’horreur) ; Investigation ; La chaine Disney ; Météo-média ; Planète + Canada (documentaire) ; RDS  (du sport) ; Séries + ; Télétoon ; Télémagino (pour les enfants) ; VRAK.TV ; Z ; Zeste (une chaîne de cuisine). Au Québec uniquement, les francophones peuvent également profiter de Ici Télévision, une chaîne multiculturelle multilingue (non associée à Radio Canada).

Enfin, partout dans le pays, certaines chaînes francophones internationales sont disponibles comme France 24, Canal+ (uniquement au Québec proposé par Videotron ou Bell en option payante) ou encore aux chaînes de Saint Pierre et Miquelon 1ère. 

Commentaires : Le Canada, comme il l’a toujours fait, protège et encadre fortement la télévision et ses contenus. Cependant l’industrie est monopolisée par de grands groupes médiatiques majoritairement anglophones détenant de nombreux réseaux de distribution et diffusion. L’influence culturelle et la proximité géographique des Etats-Unis jouent un rôle important chez les populations anglophones qui préfèrent les contenus américains à ceux nationaux.

Le cadre réglementaire canadien actuel et la proposition de réforme de l’audiovisuel et des télécommunications présentée en début d’année 2020 (rapport Yale) renforcent tous deux son attitude protectionniste et sa volonté de promotion et d’exportation des contenus canadiens à l’international. Si il veut assurer un futur créatif et prospère à l’industrie de la télévision, le Canada doit garantir une place à chaque acteur du présent paysage : les divers réseaux de diffusion, les chaînes et leurs contenus multiculturels (dont francophones) mais également les nouvelles plateformes numériques de diffusion nationales et internationales.