Le festival Hot Docs, qui a lieu chaque année à Toronto, depuis 1993 est un des plus importants en son genre au monde. Cette année, pandémie oblige, le festival a lieu en ligne ! Plus de 140 films sont disponibles en streaming sur le site du festival, en Ontario seulement, du 28 mai au 6 juin – une grande partie sera disponible jusqu’au 24 juin.  

Le service culturel est heureux de co-présenter trois productions françaises : deux documentaires longs, Projet Green Blood et Si c’était de l’amour, suivis d’une session de question-réponse avec l’équipe du film (préenregistrée) et un documentaire court, Les songes de l’Homme. 

Les films sont disponibles au prix de 9$ (8 pour les membres) ou 40$ pour 5 films (36 pour les membres). Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site d’Hot Docs Festival 

Projet Green Blood

208 min - 2019 - France - Première Nord Américaine 

Réalisateurs : Jules Giraudat, Arthur Bouvart, Alexis Marant

Ces dix dernières années dans le monde, au moins 13 journalistes ont été assassinés alors qu’ils enquêtaient sur des scandales environnementaux. Des dizaines d’autres ont été emprisonnés, arrêtés ou censurés. Pour la première fois, 40 journalistes internationaux, issus d’une trentaine de médias, et membres du réseau Forbidden Stories, ont décidé de collaborer pour reprendre les enquêtes laissées inachevées par leurs confrères assassinés, menacés et emprisonnés car ils enquêtaient sur des scandales environnementaux liés au secteur minier.Pendant six mois, le collectif de reporters a enquêté simultanément dans trois pays, l’Inde, le Guatemala et la Tanzanie, afin de poursuivre ces histoires censurées et révéler les méthodes de cette industrie parmi les plus opaques et les plus polluantes au monde. Filmée comme un polar, construite comme un récit feuilletonnant, la série documentaire Projet Green Blood plonge au coeur de cette investigation mondiale exclusive qui révèle le prix humain et écologique de l’industrie minière. Enquêtes sur les traces du sable, du nickel et de l’or qui sortent des mines.

 

Si c’était de l’amour

82 min - 2019 - France - Première Nord Américaine 

Réalisateur : Patrick Chiha

Ils sont quinze jeunes danseurs, d’origines et d’horizons divers. Ils sont en tournée pour danser Crowd, une pièce de Gisèle Vienne inspirée des raves des années 90, sur l’émotion et la perception du temps. En les suivant de théâtre en théâtre, Si c’était de l’amour documente leur travail et leurs étranges et intimes relations. Car les frontières se troublent. La scène a l’air de contaminer la vie – à moins que ce ne soit l’inverse. De documentaire sur la danse, le film se fait alors voyage troublant à travers nos nuits, nos fêtes, nos amours.

 

Les songes de l’Homme

Court-métrage 14min - 2019 - France - Première Nord Américaine

Réalisateur : Florent Morin 

L’Afrique colonisée, l’histoire nous l’a enseigné, a été le creuset des fantasmes les plus divers, obscurs ou extravagants. A cette aune, le projet du docteur Lhomme, notable d’Angoulême, ne dépare pas : avoir constitué de la fin du 20e siècle aux années 1930 une collection de plus de 3000 de pièces venues pour la plupart d’Afrique, sans jamais s’y être rendu. Comment regarder un tel ensemble aujourd’hui ? Pour ce premier film, Florent Morin relève le défi par les puissances évocatrices du dessin, pour imaginer un voyage rêvé du collectionneur dans cette contrée inconnue. Nous voilà à accompagner Lhomme dans sa dérive onirique à travers une fabuleuse Afrique à l’atmosphère ouatée et enveloppante, avec ses «mystères» et son attirail de fantasmes de l’ailleurs colonial comme autant de poncifs : animaux sauvages et chasseurs triomphants, forêts impénétrables, colons et serviteurs indigènes. Mais, choix décisif, l’univers graphique est ici nourri d’imagiers contemporains, magistralement re-visités. Ainsi ces dessins tout droit sortis d’albums à la somptueuse précision documentée de l’observation scientifique ; ou bien la photographie coloniale, métamorphosée ici pour laisser échapper ses figures comme autant de spectres venus nous défier. De ce regard comme scindé, le film offre ainsi d’un même geste un imaginaire diffracté et son envers. Double mouvement accentué par l’inversion des attendus, vouant le réel au dessin, l’imaginaire au spectral des photographies, avec leur saccades et hoquets comme autant de retours de cauchemars enfouis. Rappelant les « impression » de Roussel comme les « fantômes » de Leiris pour s’en tenir à ces illustres contemporains de Lhomme, se déploie ici une épopée mutique, inquiétante et faussement innocente, hantée par les refoulés de l’histoire. (N.F.)