Un laboratoire souterrain à bas bruit, ouvert aux chercheurs internationaux :
Ce nouveau projet de recherche International (IRP), officiellement créé ce jeudi 21 janvier 2021, porte le nom de James Clerk Maxwell, un physicien du XIXe siècle dont les travaux ont prédit l’existence d’ondes électromagnétiques, et de Hans Berger, un neurologue allemand considéré comme le père de l’électroencéphalographie.
Le Laboratoire Souterrain à Bas Bruit (LSBB), sous la tutelle conjointe du CNRS et d’Avignon Université, est situé au cœur du Parc Naturel Régional du Luberon, à distance des grands axes de circulation et d’autres sources de nuisances et de bruits mécaniques et acoustiques.
L’installation, construite dans les années 1960 pour abriter le poste de tir de missiles nucléaires sol-sol balistiques de la force de dissuasion nucléaire française du plateau d’Albion, a été déclassée à la fin des années 1990 et transformée en un laboratoire de recherche unique qui attire désormais des scientifiques du monde entier. «Le LSBB se trouve au cœur de l’une des dernières zones de grand calme électromagnétique, offrant aux scientifiques l’un des laboratoires souterrains les plus silencieux au monde», explique le Dr Stéphane Gaffet, directeur du LSBB.
Doté d’une chambre à blindage magnétique et à l’épreuve des vibrations, le LSBB offre un environnement idéal pour mener des expériences complexes impliquant les ondes électromagnétiques. Accueillant en son sein des instruments ultrasensibles, il améliore très nettement leurs performances de mesure par la diminution des interférences de tous ordres. Le LSBB offre ainsi des conditions uniques pour des applications de métrologie sismique, d’étude des processus hydrodynamiques en lien avec les variations de ruissellement des eaux souterraines ou encore d’enregistrements électroencéphalographiques (EEG) de haute sensibilité à large bande pour l’étude des maladies neurodégénératives et des affections neurologiques.
Un nouvel accord de collaboration entre le CNRS et UBC pour étendre les recherches conjointes, allant des sciences médicales à la géophysique :
Le lien entre les chercheurs de l’UBC et le LSBB remonte à plus de 15 ans. Ainsi, le Dr Guy Dumont et le Dr Matthew Yedlin, tous deux chercheurs à l’UBC, ont effectué une partie de leurs travaux au sein du LSBB et inscrivent dorénavant leurs projets dans le contexte de ce partenariat renforcé.
- Le Dr Dumont, professeur en génie électrique et informatique, étudie l’activité électrique du cerveau. Il s’intéresse particulièrement aux ondes gamma qui sont liées à divers processus cognitifs, à la perception de la douleur et à certaines pathologies comme la dépression ou l’autisme. Il utilise le LSBB pour des expériences de mesure des ondes cérébrales et tester de nouveaux matériels de mesure EEG. «Les résultats EEG que nous avons obtenus étaient époustouflants. Nous n’avons jamais été en mesure d’obtenir des EEG aussi propres en milieu hospitalier. »
- Le Dr Yedlin, professeur agrégé de génie électrique et informatique, tire parti de l’emplacement souterrain du LSBB pour étudier l’impact du changement climatique en lien avec les variations de la nappe phréatique. Cette recherche a débuté en 2007 et utilise une antenne spéciale ultra large bande développée à l’Université Côte d’Azur, capable de pénétrer le sous-sol et de produire des images claires, détectant notamment la présence d’eau. «Je suis enthousiasmé par les possibilités d’étendre ce travail avec mes collègues de notre équipe interdisciplinaire de géophysiciens, d’ingénieurs électriciens et d’hydrologues», a déclaré le Dr Yedlin.
Le CNRS, acteur majeur de la collaboration Franco-Canadienne.
Les projets de recherche internationaux (International Research Project, IRP) sont des projets collaboratifs entre un ou plusieurs laboratoires du CNRS et un ou deux laboratoires de pays étrangers. Ils renforcent les collaborations existantes en favorisant davantage les échanges scientifiques à court et moyen terme.
Dans l’Ouest Canadien, la création de ce nouvel IRP formalise la relation établie depuis plus d’une décennie par les chercheurs contribuant à ce projet, associés aux trois universités françaises (Université d’Avignon, Université Côte d’Azur et Université de Pau et du pays de l’Adour). Il enrichit les collaborations existantes entre les chercheurs de l’UBC et du CNRS, en venant s’ajouter à deux autres partenariats majeurs de la relation Franco-Canadienne:
- L’International Research Laboratory (IRL) CNRS-PIMS, associant le réseau de mathématiciens de la côte ouest américaine Pacific Institute for the mathematical sciences (PIMS), coordonné à UBC et l’Institut National des Sciences Mathématiques et de leurs Interactions (INSMI) du CNRS.
- L’IRP « miREGEN« , associant l’Institut des Sciences Biologiques (INSB) du CNRS, l’Institut de Génétique Moléculaire de Montpellier (IGMM), le Laboratoire d’Informatique, de Robotique et de Micro-électronique de Montpellier (LIRMM) et le Centre of Molecular Medicine and Therapeutics (CMMT) situé à UBC.
Un accord officialisé par une signature virtuelle.
C’est en présence de tous les partenaires que s’est déroulée la cérémonie de signature de ce nouvel accord.
Ont successivement pris la parole :
- Le Pr Santo Ono, Président et vice-chancelier de l’UBC
- Les Pr Stéphane Gaffet, Matthew Yedlin et Guy Dumont, chercheurs impliqués dans ce projet
- Le Pr Antoine Petit, Président du CNRS
- Les Pr Georges Linares, Noël Dimarcq et Laurent Bordes, représentant les Universités françaises signataires
- Mr Philippe Sutter, Consul Général de France à Vancouver.
Tous se sont félicités du dynamisme scientifique des chercheurs qui, depuis plus de 10 ans, conjuguent leurs efforts pour aboutir à ce résultat, qui vient aujourd’hui renforcer les collaborations internationales existant déjà entre les deux institutions.